Total (CA 2003 : 104,6 MdEUR, capitalisation boursière : 104 MdEUR) a annoncé une prise de participation de 25% (soit la minorité de blocage en Russie) dans le capital du groupe gazier indépendant russe Novatek (CA 2003 : 600 MUSD). Le montant de l'investissement devrait être inférieur à 1 MdUSD. Cette opération reflète un infléchissement dans la stratégie de Total, qui avait toujours hésité à investir dans un groupe russe. Pour s'implanter en Russie, Total a choisi un des gaziers et pétroliers les plus performants. Si le gaz russe est dominé par le géant Gazprom, qui assure à lui seul 87,63 % de la production nationale, Novatek avec 20,3 milliards de mètres cubes de gaz produits en 2003 (+ 44 % en un an), est le deuxième acteur russe, représentant 3,3 % de la production du pays. Ses perspectives de croissance sont fortes puisqu'il vise de 50 milliards à 60 milliards de mètres cubes de production annuelle en 2008. Le métier des gaziers privés en Russie n'est toutefois pas de tout repos : ils n'ont pas le droit d'exporter (seul Gazprom le peut) et sont donc dépendants du tarif domestique russe du gaz, naturellement très bas. De plus, ils dépendent de Gazprom, qui a le monopole des pipelines, pour leur transport. Une réforme de ce système est envisagée sans que l'on puisse prévoir à quelle vitesse cela se fera. Cependant Novatek tire en réalité la majorité de son chiffre d'affaires des ventes de pétrole et surtout de condensats, qui sont beaucoup plus rentables. Alors que la valorisation de Novatek est estimée par les analystes russes aux alentours de 2 MdUSD, il reste à savoir si son projet d'introduction en Bourse va être remis en cause par l'arrivée de Total.